Ce qui me coupe le souffle ? Pas l'amour, pas
les garçons, pas les vacances. Ce qui m'empêche de respirer? Simplement rire.
Avec qui que ce soit. De quoi que ce soit. N'importe où. Si le truc dont on
discute n'est pas insultant, pourquoi ne pas laisser la porte ouverte à
l'esprit? Ce sont des rayons sauvages de lumière, impossibles à apprivoiser;
une fois dedans, tout disparait. Parfois, je ressens que c'est la seule manière
de s'arretêr et de distraire les temps glissants. Pourtant, c'est bien simple,
facile et gratuit, ce pouvoir au-dessus de nos forces !
Maria
Xiao Diez
Qu’est ce
qui a pu me couper le souffle ?
Je pourrais
parler de plein de choses situations, souvenirs, rapports familiers, amoureux,
des paysages, des monuments, des spectacles, des films, des bouquins…
Mais il y a
eu dans ma vie une chose si étonnante et si précieuse qui m’ a produit toute
sorte de sentiments physiques et psychologiques, c’est ainsi que je suis resté
dans un état de souffle coupé pendant
des semaines : Cela a été mon accouchement.
D’abord
c’est un état physique ; il y a beaucoup de sensations qui se passent dans notre corps. En fait, les hormones
déclenchent la plupart de réactions sur notre cerveau qui font réagir nos
sentiments : la joie, la tristesse, le rire, les plaintes, en haut, en
bas,..
Ainsi,
quand on arrive à la maison avec le petit bébé, c’est un moment heureux et
plein de sentiments intimes : tu arrives chez toi avec un petit morceau de
ta chair et cela provoque un très grand bonheur.
Par contre,
il y a un profond sentiment de tristesse. Chez moi, je sentais que j’avais une immense
responsabilité sur mes épaules : je devais m’occuper, nourrir et garder
mon enfant toute la vie !!! Ce sentiment ne change pas dans le cas où nous
sommes en couple parce que l’être
maternel considère que la vie de ce petit enfant est sa responsabilité à lui.
De cette
manière, moi, première mère, je suis
restée en choc, le souffle coupé,
pendant quelques jours pendant lesquels j’ai apprécié tous les
sentiments physiques, psychologiques, sociaux, et surtout, tout ce qui peut
provoquer le manque de sommeil .
Marga
Ma petite
madeleine
Je me souviens très bien comme si c’était
hier de l’odeur et du goût des poivrons verts que ma mamie me donnait à goûter.
Lorsque j’étais petite mes parents
voyageaient souvent pendant l’été.
Mon frère et moi restions chez mes
grands-parents dans un petit village appelé Fefasa, à côté de Miranda de Ebro.
Derrière la maison il y avait un potager où
mon papy semait plusieurs légumes. Parmi eux, mes poivrons verts adorés.
Mamie ajoutait de l’huile et du sel aux
poivrons qu’elle venait de prendre pour m’en donner. C’était un goût inouï.
Elle me manque énormément. Voilà ma petite
madeleine.
Zuriñe
Un souvenir que j'ai de mon enfance est lié à une
odeur. La maison où nous vivions avec mes parents était située juste au-dessus
d'un économat pour les familles d’ouvriers de ce quartier populaire. Souvent,
des camions citernes pleins de vin ou d´huile, arrivaient pour remplir de
grands dépôts. Les clients venaient avec leurs propres bouteilles car les deux
produits étaient vendus en vrac. Je me souviens avec plaisir de l'odeur qui
émanait de ce vin dur et
« querelleur » qui venait à ma fenêtre…
Gorka Ruiz de Azúa
Je me souviens de…
Ce jour-là de l’enfance. C’était l’été et je me trouvais chez mes grands-parents à faire les devoirs scolaires de
vacances. Je me souviens d’une grande table en bois mise au bord d’un jardin à
côté de la vieille maison familiale. Après avoir lutté avec les maths,
j’essayais de résumer l’histoire de Rome quand mes narines percevaient des
arômes alléchants qui sortaient de la fenêtre de la cuisine. Ma grand-mère
était en train de faire du riz au lait et l’odeur de la cannelle mélangée du
citron embaumait tout le jardin… et toute la campagne ! Sans bien savoir
comment, mes glandes salivaires se réveillaient et je devais quitter Jules
César pour aller vers la cuisine. Le spectacle était incroyable ! Des
marmites pleines de riz au lait encore chaudes, granuleux et délicieux
entourées de cakes, de biscuits et de gâteaux récemment faits, qui me disaient
avec insistance: mange-moi, mange-moi… ! Le plaisir intense de ce plat de riz au lait de ma grand-mère m’a réconforté
avec mes devoirs et d’un coup j’étais revenu à mes vacances d’été.
C’était une vraie madeleine de Proust.
Patxi G. Ardanaz
La
mémoire est la sentinelle de l'esprit
Bien apprendre: soit à long ou court terme, en dépendant de
la source, qualité et pragmatique, parfois la mémoire laisse à désirer. Comment
se souvenir rapidement de ce petit truc-là, au moment où on s'évertue à rendre
vivant une minute du temps passé ? Que serions-nous sans cette capacité, sans
réfléchir et apprendre de nos erreurs ? En effet, «La mémoire est la sentinelle
de l'esprit », selon W. Shakespeare.
Les
semaines s'écoulent, et chaque mois, je me plains de rester paresseuse. Je
trouve vraiment compliqué de mémoriser du vocabulaire à moins
de ressentir un lien avec l'expérience personelle où je l'ai appris ; quelle
que soit la langue, ça m'arrive toujours.
Bref, si je me mets à apprendre par coeur des mots, ça
marche vite pour l'instant, mais il n'y a pas de sens : mémoriser des dates ou
même du lexique sans une vraie transmission d'expériences vécues est presque
remplir la tête avec des ombres vides.
Quand je lis, les mots et leur graphie frôlent la feuille
du livre avec des couleurs et des images, car la littérature est
l'interprétation individuelle et l'histoire racontée en même temps ; si
attachés, que les séparer n'est que déshabiller le compte, car la langue rend
possible le raisonnement, la conscience et l'imagination.
Il faudrait nous familiariser, en prenant du temps, avec
la nouvelle combinaison de lettres et d'idées, pour réussir à bien apprendre,
mais dans une société qui nous oblige à vivre vite, il est attirant de jeter
souvent l'éponge.
Maria Xiao Diez